On pourrait la croire toute neuve, on pourrait la croire née du 21ème siècle, et l’on pourrait croire que celle-ci n’en est encore qu’à sa phase de développement sans aucune application pratique. Pourtant, l’Intelligence Artificielle, ou « IA » en abrégé, a déjà un long passé et ne date pas d’hier. Quant à ses applications, même s’il est vrai que nous ne sommes qu’au début de celles-ci et que de nombreux travaux restent à faire pour pouvoir l’optimiser un maximum et surtout la rendre parfaite et sans risque, elles sont cependant déjà nombreuses dans des domaines divers et variés comme celui de la voiture autonome bien évidemment, mais aussi dans d’autres, plus précurseurs, comme l’informatique ou les jeux comme les échecs et le poker.
Un jour prochain, mais pas pour tout de suite comme nous l’avons vu dans un article précédent, il sera peut-être possible de voyager d’un point A à un point B dans une voiture autonome sans avoir besoin de se soucier de sa vitesse ou du respect des règles du Code de la Route car ce sera notre voiture qui s’occupera de tout ça. En attendant cette époque bénie pour les conducteurs sans permis que nous sommes, il faudra toujours se contenter des modèles classiques de voiture sans permis et manœuvrer nous-mêmes notre volant et rester vigilant aux chauffards et autres fous de vitesse sur les routes de France et de Navarre.
Une machine capable de parler et de jouer
Mais quand ce jour viendra, il sera alors bon de savoir que ce fut suite à des décennies de recherche sur l’IA qu’un tel miracle a été possible. Car l’histoire de l’IA remonte à bien plus loin que les années 2000, mais prend plutôt sa source dans une époque sombre de l’humanité, à savoir la Seconde Guerre Mondiale. Pour tenter de décrypter le code secret Enigma des Allemands, le chercheur britannique Alan Turing imagine qu’une machine serait plus à-même de trouver les failles de ce code qu’un être humain et crée alors la machine Bombe. Ce sont ces deux créations humaines pour de terribles raisons, Enigma et Bombe, qui ont posé les bases de l’apprentissage des machines et, par ricochets, de l’Intelligence Artificielle. En 1950, Turing établira le fameux Test de Turing, dans laquelle on peut déterminer si une machine est intelligente si elle peut converser avec un humain véritable sans que celui-ci ne se rende compte qu’il parle à une machine.
L’idée se répand ensuite très vite à travers les scientifiques du monde entier, mais surtout les américains, celle qu’il serait possible de créer une machine capable d’imiter les complexes connexions d’un cerveau humain, en réalisant ce qu’on appellerait un réseau neuronal, en bref, un robot-ordinateur. De manière rigolote, ce sont grâce aux jeux que l’IA a souvent été testé et a pu faire des progrès constants tout au long de la seconde moitié du 20ème siècle. Ainsi, bien avant l’avènement du poker en ligne, en 1951, la machine Ferranti Mark I fut la première à se confronter à un humain en chair et en os, soit dans une partie d’échecs, soit dans une partie de dames. À l’époque, la machine a été qualifiée capable de rivaliser avec un bon amateur.
Une naissance, puis des interrogations
Mais pour déterminer la date précise de la naissance de l’IA, tout le monde s’accorde sur l’année 1956, date de la conférence de Dartmouth qui réunit les plus grands spécialistes en la matière. Suite à cette éminente conférence et au développement de l’informatique, les vingt années qui suivront verront un véritable boom dans toutes les découvertes et créations liées à l’IA. Bien sûr, à l’époque, les chercheurs sont encore loin de s’imaginer que leurs travaux, alors hypothèses et coups de poker bien plus théoriques que pratiques, pourraient un jour permettre la création de voitures autonomes que tout le monde pourrait conduire, ou plutôt qui se conduiraient toutes seules.
D’ailleurs, cette absence d’application pratique au début de la discipline entraînera de nombreuses critiques sur celle-ci, car toutes ces recherches ont un coût, pour des retombées assez décevantes matériellement. Le financement de ces études s’arrêtera alors pratiquement, et il faudra attendre de nombreuses années pour voir un renouveau dans ce domaine. En 1980, l’association des systèmes dits « experts » au domaine de la connaissance permet la création des premières machines utiles, permettant par exemple de trouver des maladies infectieuses dans un échantillon de sang. En plus de cela, le Japon investit massivement dans les ordinateurs de cinquième génération et relance définitivement l’IA.
Des exploits, mais pas encore de grand achèvement
Après une nouvelle crise entre 1987 et 1993, l’IA a fait sauter de nombreux verrous lors des trente dernières années avec, dès 1997, la fameuse victoire de Deep Blue face aux champions d’échecs Garry Kasparov. À partir de là, les programmes de jeux intelligents se sont multipliés sur le Net, aussi bien dans le poker, devenu entretemps le jeu le plus populaire de la planète, que dans le monde des jeux vidéo. Capable de raisonner de manière logique et de prévoir ses coups longtemps à l’avance, l’IA a toutefois montré ses limites au poker, puisque la notion de bluff, très importante dans le poker, est quelque chose de bien plus compliqué à apprendre à une machine. Il aura fallu attendre janvier 2017 pour voir le programme Libratus enfin battre des champions de poker au cours d’une partie de Texas Hold’em.
Enfin, dans le monde de la voiture autonome, les dates à retenir sont celles de 2005, quand un véhicule automatisé a remporté le DARPA Grand Challenge au terme d’une course de 200 kilomètres sans repérage préalable, et de 2007, quand, dans une course similaire mais cette fois en milieu urbain, un robot a réussi à parcourir 80 kilomètres en ville tout en respectant le Code de la Route et les problèmes liés au trafic. 12 ans plus tard, les travaux continuent, mais des problèmes demeurent, et jamais l’homme n’a pu créer une machine aussi intelligente que le HAL 9000 de 2001, l’Odyssée de l’Espace, ou une voiture entièrement autonome. La barrière sera-t-elle franchie un jour ?