A l’origine de la marque Devinci, petit constructeur français situé près de Toulouse, on trouve le pilote Jean-Philippe Dayraut. Celui-ci a eu pour idée de mêler passé et futur dans une seule voiture. Passé, pour le look indubitablement vintage de ses créations.
Et futur, parce que ce drôle d’engin la silhouette qui semble tout droit sortie des années 1920, est animé par un moteur électrique. Normes de sécurité obligent, il apparaît quasiment impossible d’homologuer une voiture ainsi ouverte à tous les vents en catégorie automobile, même de petite série. Voilà pourquoi les Devinci sont des quadricycles lourds… Et assurément les modèles les plus exclusifs de cette catégorie administrative ! La version Brigitte, la moins chère de la gamme que nous avons essayée s’affiche en effet à pas moins de 66.000 €. Et les tarifs peuvent grimper jusqu’à 240.000 € pour la très exclusive Eugénie, limitée à un exemplaire par continent chaque année. Chaque année, les Devinci changent de matricule. L’exemplaire que nous avons essayé était une DB720, modèle produit du catalogue 2021, qui s’apprête à céder place à la DB721. Mais entre les deux, les modifications sont minimes. La marque apporte des améliorations continues, mais l’auto est globalement très proche techniquement de la DB718 lancée en 2019. Par contre, celle-ci était très profondément modifiée par rapport à la D417, premier modèle de la marque qui n’est resté qu’un an au catalogue. Un véritable saut de génération, qui s’est traduit par un châssis élargi pour favoriser l’habitabilité, alors que les essieux rigides ont été remplacés par des trains roulants à simple triangulation, associés à des ressorts hélicoïdaux, en lieu et place des ressorts à lames.
Un look ancien, mais des détails modernes
Pour autant, l’esprit reste depuis les débuts de la marque. Un œil exercé ne se laissera certes pas duper. Alors que la D417 pouvait être confondue avec une Riley centenaire, notre DB720 surprend par sa largeur importante de 1,77 m, digne d’une citadine moderne. L’empreinte au sol, ainsi que certains détails comme les freins à disques ou les phares révèle qu’il s’agit bel et bien d’une voiture moderne. Pour autant, les matériaux choisis se rapprochent au mieux de ce qui se faisait à l’époque. La partie avant de la carrosserie est réalisée en aluminium, qui reste brut sur la version Brigitte, à moins qu’on ne choisisse une peinture spécifique en option. La pointe arrière, qui cache un grand coffre, est quant à elle réalisée en fibre de verre peinte. Une entorse à l’authenticité ! Mais le tableau de bord en aluminium bouchonné, le plancher en bois et le volant qui rappelle celui des Bugatti de course, plongent dans l’ambiance. Quelques détails, comme la jauge de batterie en plastique (partagée avec la Nosmoke) détonnent toutefois dans cet univers luxueux et soigné. La Devinci paraît encore plus incongrue lorsqu’on la déshabille. Si on enlève la pointe arrière qui fait office de coffre (plutôt spacieux, d’ailleurs), et qu’on ouvre le capot, la conception singulière saute aux yeux. La structure est composée d’un châssis tubulaire, avec la batterie au lithium de 23 kWh placée au centre, sous les deux sièges. Le moteur est placé entre les deux roues arrière, si bien que les masses sont parfaitement concentrées au milieu de l’auto. A l’avant, c’est le grand vide : on ne trouve derrière la calandre que les combinés ressorts-amortisseurs. Pour des raisons esthétiques, Jean-Philippe Dayraut a en effet choisi des suspensions à basculeurs, qui permettent de placer les éléments à l’intérieur de la carrosserie et donc épurer le profil.
Le bonheur d’un cabriolet électrique Devinci
Monter à bord de la Devinci DB720 est aisé, grâce aux marchepieds (taillés dans l’aluminium massif) et à la largeur de l’habitacle, qui est de plus traversé par une barre de maintien.Malgré leur apparence minimaliste, les sièges s’avèrent confortables et même les grands gabarits se sentiront à l’aise. Au démarrage également, on se rend vite compte que la Devinci n’est pas aussi radicale qu’elle en a l’air. Elle surprend par son excellent confort de suspension. Egalement, le petit saute-vent présent sur notre modèle d’essai (il existe un pare-brise plus grand en option.) protège bien des remous : à condition que la météo soit clémente, il est possible de rouler sans casque ni lunette de protection. Bref, les balades sont envisageables, et l’autonomie de 200 km promise par le constructeur laisse envisager quelques heures de bonheur. Car de plaisir, il est vraiment question. Celui-ci ne vient pas des performances, qui n’ont rien de sportives : réglementation oblige, la puissance est limitée à 20 ch. Mais le comportement routier s’avère excellent. Et Devinci a choisi des pneus, dans la gamme Michelin Classic, qui sont un compromis idéal entre l’esthétisme et le niveau d’adhérence recherché, c’est-à-dire pas trop élevé. Voilà qui permet de jouer avec l’équilibre de l’auto, et de la mettre en glisse à volonté. D’ailleurs, Devinci a pour projet d’organiser des sorties sur circuit pour ses clients. A cela s’ajoute une direction précise, quoiqu’assez démultipliée et un freinage plutôt mordant. Les amateurs d’anciennes pourraient regretter l’absence de bruit mécanique. Profiter du plaisir d’un cabriolet associé au silence d’un moteur électrique est pourtant assez unique. Mais pour les plus irréductibles, le constructeur a prévu un bruiteur artificiel.
Assurément, cette Devinci est unique dans la production des quadricycles, et même dans la production automobile tout court ! Le résultat est à la hauteur de l’originalité de l’idée, même si une bonne part de la clientèle aisée à qui s’adresse cet engin pourra légitimement tiquer sur la faible puissance. Car il apparaît bien clair que cette auto au look vintage ne se destine absolument pas aux acheteurs traditionnels de quadricycles.
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