Guillaume Cabantous s’attaque au verre comme d’autres au papier, il le façonne, le plie, le brise pour révéler la seconde nature des pare-brises qu’il travaille. C’est avec son corps, son énergie qu’il sculpte une matière dure et froide …
Son inspiration ?
Il la puise non seulement dans les matériaux qu’il travaille, mais dans ses origines, une part de soi qu’il a décidé de révéler et d’approfondir, celle de son attachement à un horizon familier, celui des Pyrénées. Comme il le dit, ses racines se plongent dans « la roche et dans la glace », dans les grottes et les lacs de cette région à la fois dure et belle. Il travaille le verre depuis toujours mais n’avait pas mis de nom, de référent dessus, aujourd’hui il sait que, depuis le début, ce verre est de la glace, cette glace de montagne qui peut « fendre la pierre et fondre au soleil ».
Ses projets ?
La réalisation d’une exposition dont le Desman , « ce petit animal endémique des Pyrénées, qui vit dans les eaux de montagne, nocturne, rare, en voie de disparition et qui se nourrit d’éphémères » est la figure centrale. Pour la première fois, Guillaume Cabantous aborde son travail sous l’angle de ses origines. Petit-fils d’une famille de guides de montagnes, il partage son temps entre son atelier parisien et celui des Pyrénées. La poésie qu’il tire de l’association des matériaux industriels vient de cet attachement à cette nature qu’il explore régulièrement. Cet été, il a parcouru ces montagnes et réalisé un film sur cette nature et ses habitants qui lui sont chers afin d’en tirer une vision qui se déploie dans ses sculptures : Des pièces de métal lustrées aux formes d’ancres et d’hameçons auxquelles viennent s’accrocher du verre en lambeaux. Pêche aux éphémères ? Il y a comme le désir de figer un mouvement, une matière, telle la glace encore et toujours qui fige l’eau. Arrêter le temps ? Oui, mais seulement le temps d’un instant avant un nouveau changement d’état.
Son travail ?
Là où il se servait de barres de métal, d’échafaudages pour structurer ses sculptures, il a « pris le temps d’un travail d’atelier », de concevoir des pièces de métal atypiques, non plus brutes mais polies, manufacturées, « comme de la joaillerie » dit-il. Sa démarche s’inscrit donc en deux temps : un travail en amont où il crée ses propres formes en métal, comme des outils pour venir souligner son travail futur sur le parebrise, puis une pratique in situ, où il livre son « combat avec le verre et la glace sur le lieu d’exposition ». La mise en scène est différente. Ici pèse l’ombre du drame, à l’image de son approche de l’espace qui cherche une sensation de chute, d’accident où l’aléa rentre en jeu, telle l’eau le long d’une stalactite, il le dit lui-même : « j’ai envie que ça coule ». Guillaume Cabantous nous livre ainsi une oeuvre qui est comme une coulure brisée…
Il expose du 21 octobre au 18 décembre 2010 à la Galerie Odile Ouizeman
10/12 rue des Coutures Saint-Gervais – 75003 – PARIS
Ouvert du mardi au samedi / 11h-19h et sur rendez-vous
T: 01 42 71 91 89 – F: 01 42 71 94 13 – www.galerieouizeman.com – [email protected]